Il est temps de reprendre les bonnes vielles habitudes, et notamment celle de partager quelques coups de cœurs les jeudi.
Or ces derniers temps j’ai deux beaux coups de cœur à partager. Dont ce premier livre paru il y a peu dont l’auteur m’avait déjà beaucoup marquée par son histoire sur twitter. Je parle du livre Fuck My Cancer de Manuela Wyler.

Fuck My Cancer dans vos librairies !
Le sous-titre donné par l’auteur : « autopathographie sans pitié. » et une couverture claire : « Chronique garantie sans eau de rose ». Le ton et donné.
Si vous vous attendez à un livre écrit sur le ton du pathos pour appeler à la compassion des cancéreux passez votre chemin, c’est bien le contraire qui vous attend. Et ça fait du bien.
Manuela s’autoproclame « emmerdeuse », ses propos le démontrent, et moi, une emmerdeuse de première, je vous le confirme. Aucune note de pitié envers elle-même. Elle n’écrit pas ce livre pour attirer le pathos. Ayez le malheur de twitter que vous trouvez la lecture triste et vous vous prenez une baffe.
Mais oui je réitère ce propos, un paragraphe a suffit au début du roman à me raviver de douloureux souvenirs qui m’ont rendue un peu triste. J’ai eu aussi beaucoup de mal lors de la description de sa troisième chimio (faut dire que je suis sensible et empathique, mauvais cocktail, pourtant ce n’est rien comparé à la réelle douleur qu’elle nous décrit).
Pourtant le ton est donné, auto-dérision, coup de gueule et une grosse dose d’humour, je ne m’attendais pas à autant sourire, et pourtant certaines descriptions ne peuvent qu’attirer le rire du lecteur (notamment l’anecdote des étriers). C’est ce que j’ai envie d’appeler, comme un nouveau genre : l’humour rose.
Je m’étais arrêtée au bout de deux pages pour évacuer les mauvais souvenirs. Puis j’ai repris, et j’ai fini en une traite.
Et deux réactions, je suis scandalisée et admirative.
Admirative par l’auteur. Une femme au caractère bien trempé, bref une femme de caractère. Je savais que j’étais une emmerdeuse finie avec du caractère, j’ai trouvé mon maître à penser ! Son franc-parler est un bonheur absolu. Sa non langue de bois devrait faire pâlir les politiques.
Et scandalisée ensuite par ses révélations, j’aurai presque envie de réclamer sa nomination au ministère de la santé, on y gagnerait.
Avec ses révélations sur la (non) prise en charge des patients, leur maltraitance, le foutage de gueule de la Sécurité sociale, les batailles administratives, les magouilles d’octobre rose, on en apprend des choses non anodines.
Mais surtout, ce livre décrit un combat, celui mené pour rester en vie, et les épreuves traversées pour lutter contre le cancer. Et c’est loin d’être rose. C’est plutôt sombre, très noir même.
On ferme le livre, on se dit foutue maladie, mais ironiquement ce n’est pas la maladie qui engendre le plus de souffrance, mais le combat contre la maladie…
Et ce combat Manuela nous le décrit sans pudeur, sans fioriture, sans maquillage et romance. Le seul style qui permet de continuer de tourner les pages c’est le ton utilisé par l’auteur pour se détacher ou exorciser.
Alors oui, des emmerdeuses comme elle, on les aime et on en voudrait plus dans notre entourage pour nous ramener les pieds sur terre. Elle élève ce terme au rang de compliment.
Elle méritait donc bien ce petit coup de cœur, et je compte sur vous pour allez vite fait lire ces 179 pages.